Le Faunographe est né en 2015 le même jour que sa fille. Il ne le savait pas encore mais dans quelques années il voudrait l’accompagner dans la découverte de la beauté et la diversité de la faune qui vit dans le bois de l’autre côté de la route, dans le parc au bord de la rivière ou le long du ruisseau juste un tout petit peu plus loin. Il est persuadé qu’il n’y a pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour pouvoir s’émerveiller et rêver.
Un peu pessimiste, il pense aussi que si l’on ne se dépêche pas de prendre conscience de la fragilité de notre nature nous n’aurons bientôt plus grand-chose à observer (et avouons que ce serait dommage).
Guillaume Peyre quant à lui aura 147 ans en 2132. Il a passé son enfance au fin fond de la campagne Ornaise à arpenter les champs et les bois. Il y guettait avec un succès très relatif la venue des renards, des chevreuils et des loups.
Il rêvera de rejoindre l’équipage du commandant Cousteau mais n’ayant pas réussi à faire valider son brevet de plongée dans la mare d’à côté, il passera à autre chose. Puis malheureusement pour lui, comme beaucoup d’enfants qui prennent de l’âge, il oubliera que le monde qui l’entoure est peuplé d’animaux qui l’observent, l’évitent et continuent leur vie loin de son regard.
Ce n’est que 25 ans plus tard en se réinstallant au fin fond d’une autre campagne (eurélienne cette fois ci) que le sauvage se rappellera à son bon souvenir. C’est donc accompagné de ses désormais deux grands enfants (90 centimètres et 1 mètre 20 au moment où ces lignes sont écrites) qu’il redécouvrira la joie d’explorer les bois et les ruisseaux. Ensemble, ils rechercheront les noms des oiseaux, élaboreront des stratégies pour observer les écureuils et les lièvres. Parfois ils les verront, les autres fois, ils trouveront que ça valait quand même le coup.
Puis naitra l’envie de montrer à ceux que ça intéresse toutes les merveilles que l’on peut observer en se levant un peu plus tôt, en restant en peu plus longtemps ou en allant un peu plus loin. Si vous avez lu ces lignes c’est peut-être qu’il a déjà un peu réussi.
Sinon, il continue à attendre de voir un loup sortir de la forêt, il sait qu’aujourd’hui la probabilité que cela arrive est infiniment plus importante qu’il y a 30 ans et ça, ça le rend presque optimiste.